13 juin 2011
Quoi? Encore un poème?
C'est le dernier, promis juré. D'ailleurs, sauf quelques fables de La Fontaine, mon stock est épuisé. Je ne pouvais pas laisser passer l'occasion de fêter à ma manière l'anniversaire des élections (un an sans gouvernement en Belgique). Pour la petite histoire, j'ai lu et mémorisé ce poème en 1946 au moment des premières élections d'après guerre. Voici ce chef-d'oeuvre :
STATUT D'HOMME D'ETAT
François Coppée
C'était un bavard de talent très mince
Pendant trente ans il avait été
Fameux à Paris, grand homme en province
Ministre deux fois, toujours député
Traité d'éminent et de sympathique
Il avait trahi deux ou trois serments
Ainsi qu'il convient à la politique
Bref, c'était l'honneur du Parlement
Il mourut, sa ville fut fière
D'avoir enfanté pareil contemporain
Quand il fut enfin muet dans la bière
Le fit sans tarder revivre en airain
J'ai vu sa statue, elle est sur la place
Où se tient le marché couvert
C'est bien l'orateur, son geste menace
Et son habit est en bronze vert
Mais, les paysans vile servitude
Vendant les produits natals
Sans y voir malice et par habitude
Rangent leurs ânes au pied du piédestal
Et, quand, tous les lundis, les paysannes
Sous les piliers noirs viennent se ranger
Le tribun d'airain harangue les ânes
Ca ne doit pas beaucoup le changer
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