14 juin 2012
QUELQUES SOUVENIRS POUR EN FINIR
- Alors papy, as-tu réfléchi à quelques "trucs" de ton enfance à évoquer ?
- A vrai dire peu de choses m'inspirent encore. Vu mon grand âge, il ne faudrait pas que je tombe dans le gâtisme en ressassant les mêmes histoires.
- "Gaga" toi ? Tu sembles encore relativement bien dans ta tête. Parle-moi de la suite du déménagement. Quid de ta grand-mère ?
- Merci pour le "relativement". En fait, ma grand-mère a préféré rester seule alors qu'elle aurait pu nous suivre. Elle nous a finalement rejoints après deux ou trois ans. Vu l'état de santé de ma mère, son arrivée ne pouvait qu'être bénéfique. Même si son activité se limitait à la préparation du dîner, au reprisage des chaussettes et à la confection de la soupe du soir.
- Ta mère est décédée jeune ?
- Elle avait 46 ans, ma soeur 16 ans et moi 11 ans. C'est alors que la présence de la "vieille" fut d'un apport positif.
- Pour en revenir à des choses plus gaies, comment se passaient les soirées de la famille ?
- Dans ma mémoire, les années se mélangent. Ce sont plutôt des flash intemporels. Je revois mon père pratiquant de la vannerie. Il fabriquait des mannes avec des brins d'osier ou des branches de saule. Il réalisait aussi de magnifiques cadres pour photos. Il collait un motif en papier sur une planchette en multiplex et utilisait une scie avec une lame très fine pour la découpe. Il a offert un porte-pipe pour un avocat qui lui avait rendu un service gratos.
- Et ta mère, ta soeur et toi ?
- Ma mère était amateur (amatrice ?) de chansons anciennes. Elle chantait en soirée, accompagnée de ma soeur, des chansons de marins. Je connais encore maintenant plusieurs oeuvres de Théodore Botrel.
- Chante-moi une chanson.
- Tu veux rire ? Tu trouves qu'il n'a pas encore suffisamment plu ? Bon, je continue. Nous jouions aussi aux cartes, des jeux simples, pas le whist ou le rami. Pour moi il y avait aussi une autre occupation, tu l'auras deviné : la lecture.
Ce qui faisait dire à mon ineffable aïeule : "vos d'vereu sot aveu vos livres" (tu deviendras sot avec tes livres).
- Tiens, à propos, un fait d'actualité. Connais-tu cette histoire de parents qui portent plainte contre l'école ou l'enseignant ? Pour une rédaction-punition ou la confiscation d'un GSM. Qu'en penses-tu ?
- Si tu veux mon avis, je dirai que tout ça ce sont des conneries car cela met en cause l'autorité de l'enseignant. A mon époque, les châtiments corporels étaient admis. Il faut dire que mon instit y allait parfois un peu fort, surtout envers les élèves réfractaires aux devoirs. Jamais un parent n'a réclamé.
- Et toi, tu en as eu des baffes ?
- J'étais un enfant sage (on ne rigole pas). Je me souviens d'une gifle, mais c'était "une erreur judiciaire". Un compagnon avait renversé une bouteille de pétrole et avait mis l'accident pour ma pomme.
- Pauvre Caliméro ! Allez, pour finir, un exploit scolaire.
- Nous étions douze au degré supérieur. J'étais reconnu comme le plus doué en arithmétique. L'énoncé du problème était confus. A partir du nombre 100 il fallait trouver deux nombres. Comme d'usage, une partie des chiffres était donnée. En l'occurence : 4. - .6. Pour moi, c'était simple : 44 et 56. Seulement je n'avais rien compris... et les 11 autres pas davantage. L'instit explique au tableau : "vous avez compris ?". Onze voix : oui, oui, oui ! Pour moi, c'est non ! à l'étonnement de l'instit qui n'insiste pas. Je voulais trouver la solution pendant la récréation et je reste sur mon banc. Le maître vient près de moi : que fais-tu là ? "Je veux trouver la réponse". Va jouer avec les autres". Je refuse et il me prend par le bras mais je résiste. Alors, il lève le bras : "Desterbecq sortez !".
La morale de l'histoire : je n'ai toujours pas la réponse. Et, faute de posséder l'énoncé, c'est une cause perdue.
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