31 mai 2012
TRANCHES DE VIE
- Alors papy, on est à court de souvenirs ?
- Je dirais plutôt que j'en ai trop, à différentes époques de ma jeunesse. Le problème étant de rester cohérent et d'éviter les redites.
- Je crois qu'il faudrait faire un tri et procéder chronologiquement.
- D'accord. Quelques mots sur mes parents. Ils se sont épousés en 1925 (ou 1924 ?). Ils ont habité avec mes grands-parents paternels. Pour je ne sais quelle raison, ils ont rejoint ma grand-mère en 1933. Mon grand-père maternel était décédé en 1931, j'en ai parlé précédemment. Il avait 70 ans et exploitait encore une petite ferme. A l'époque, pas de pension pour les petits indépendants. Manque de moyens ou négligence, beaucoup ne cotisaient pas pour assurer leurs vieux jours. Bref, notre changement de maison a duré jusque septembre 1937, j'en parlerai une autre fois.
- Bon, après ces explications, j'attends des souvenirs que j'espère un peu rigolos.
- Mes voisins les plus proches étaient fermiers. En période de vacances, j'étais souvent fourré chez eux. J'accompagnais le fils dans les travaux des champs. En route, il me hissait sur le dos d'un cheval. J'y étais tout à fait à l'aise. Un jour, il devait conduire une jument à l'étalon. Un kilomètre de route, le fermier prend son vélo et me confie le soin de conduire le cheval. Seul sur la route et arrivée à bon port.
- N'était-ce pas quand même un peu risqué seul sur la route, à six ans avec un cheval ?
- Objectivement, je ne sais. Les chevaux de ferme étaient de caractère placide et la route très peu fréquentée. En tout cas, tout s'est bien passé. Un détail : je n'ai pas assisté à la saillie.
- Tu en as certainement d'autres souvenirs plus "comiques ".
- Voici celui qui me plait le plus. Les oncles et tantes venaient parfois rendre visite à ma grand-mère. Une tante portait un dentier. Je ne connaissais pas à l'époque. Ma tante enlève ledit dentier pour le rincer en ma présence. J'étais vraiment étonné. Par la suite, j'essayais d'enlever mes dents.
Autre chose, l'oncle Emile vient un jour avec un appareil photo, chose rare à l'époque. Il propose de nous photographier. Je voulais que mon chapeau de soleil y figure. Septante ans plus tard, j'ai redécouvert avec plaisir cette photo.
La famille du voisin était constituée des "vieux", du jeune ménage et d'une grand-mère. Le vieux père était garde-chasse en plus de son métier de fermier. Il possédait un cor de chasse. On m'avait fait croire qu'il servait à fabriquerdes "petits beurres". Je soufflais dans le cornet et, miracle, des biscuits tombaient devant moi. Mais, un peu fûté quand même, je regardais dans le cornet avant de souffler.
Allez, une dernière. La batteuse de blé était arrivée. Je m'étais installé au grenier où les porteurs de sacs apportaient le blé. L'un d'eux me donne une pincée de tabac et me dit de la chiquer, pour faire comme les hommes. Trouvant cela plutôt amer, je la jette au bout d'un moment. L'homme s'en aperçoit et m'en donne une autre en m'incitant à la chiquer. Je n'ose pas refuser mais, au bout d'un moment, j'ai la tête qui tourne. Ma première "cuite" pourrait-on dire. J'ai dormi un temps indéterminé.
En voilà assez pour aujourd'hui. A la semaine prochaine (peut-être).
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