24 mai 2012
LE RETOUR DE L'ENFANT PRODIGUE
- Coucou, me revoilou. Salut papy.
- Tiens voilà le fiston. Tu te faisais plutôt rare ces derniers temps.
- Que veux-tu, les études, ça acccapare.
- Me fais pas rigoler.
- Bon, passons. J'ai malgré tout trouvé le temps de te lire. Et tes souvenirs, tu en as encore beaucoup ?
- Bien sûr, il y en a toujours. Le problème est de rassembler des tranches de vie en un tout cohérent. Et sans se répéter. Je crains de tomber dans la banalité. Je t'avoue que, pour le moment, je sature.
- Allez, j'ai un peu de temps. Raconte-moi quelques anecdotes.
- Bon voilà. J'avais à l'époque entre huit et dix ans. C'était la période où on battait les céréales. La batteuse était actionnée par la poulie d'un tracteur. Une grosse courroie en diagonale les reliait. Vu la distance et le poids de cette courroie il y avait un flottement. J'ai trouvé plaisant de passer en dessous à l'endroit le plus haut. J'ai reçu une de ces claques sur le dessus de la tête. Je me souviens d'une bosse de la grosseur d'un oeuf de poule, enfin presque.
- Henri trompe-la-mort en somme. Allez, encore une.
- Il faut bien le dire, mon petit frère (six ans) n'était pas une lumière. Pour compenser peut-être, il aimait jouer avec les allumettes. Il avait été surpris à plusieurs reprises se cachant dans l'une ou l'autre pièce. Au lieu de cacher les allumettes, mes parents le surveillaient. Sacré Paul, il est allé se cacher derrière la meule de paille heureusement située à l'extérieur. L'allumette tomba au sol recouvert de déchets de paille et ce fut la grande flambée. Quand mon père rentra de son travail il ne restait qu'un tas de cendres. Comme devait dire ma mère plus tard: si je l'avais "engueulé" il serait tombé mort.
- Hallucinant, fascinant! Allez encore une pour allonger un peu ton papelard.
- Comme dans toutes les fermes, nous possédions deux ou trois chats. Malgré cela, des rats échappaient à leur chasse. Une partie de la paille était stockée dans la grange. Quelques rats y trouvaient refuge. Au moment où il ne restait que quelques ballots nous décidâmes de les déplacer pour débusquer les rats. Ceux-ci grimpaient le long des murs à une vitesse incroyable. Avec une fourche, nous essayions de les tuer. Souvent sans succès. Un jeune rat tenta de se dissimuler dans les déchets de paille. Je me précipitai et le clouai au sol avec le pied. A tâtons, de la main je suivis son corps et de deux doigts lui enserrai le cou . La bestiole était de belle taille. Le lendemain, tout fier, je relatai mon "exploit" à l'école. L'instituteur me dit, on était pendant la guerre : "tu serais capable d'étrangler un"vert-de-gris" (ainsi dénommait-on les Allemands). Fini pour aujourd'hui. Peut-être à la semaine prochaine.
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