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Dinosaure 80
17 mai 2012

GUTENBERG ME VOILA

17 et 24 février 1946 : premières élections législatives et provinciales de l'après guerre. Ma vie professionnelle débuta le 25. J'y ai fait allusion sommairement il y a quelques mois. L'imprimerie se situait à 4 km de chez moi. Je ne possédais pas de vélo. Il y avait un vieux cadre au grenier mais le hic c'est que l'approvisionnement en pneus était difficile. Pendant trois mois j'ai fait le trajet à pied. 

Un hebdomadaire paysan était mis en page par l'associé. La composition des textes était effectuée à Lessines. Un motocycliste ramenait le plomb des articles (voir linotype) dans son side car. Les épouses officiaient à la presse, c'est à dire qu'elles "margeaient" les feuilles pour l'impression. Les journaux étaient pliés pendant la nuit par toute la famille. L'acheminement vers le bureau de poste situé à 1 km fut bientôt pour ma pomme. Premier essai : un sac hissé sur mes épaules. A mi-chemin, exténué, je le laisse tomber. Pour le recharger, dur, dur. Par la suite, j'empruntais la brouette d'un paysan voisin. Quelques mois après mon arrivée, les associés se séparèrent. Plus de metteur en page qualifié. Le journal fut imprimé à Lessines. Pour moi, bon débarras.

C'est ainsi que nous nous retrouvâmes deux gamins de quinze ans livrés à nous mêmes. Finalement, nous nous débrouillâmes comme des chefs. Entêtes de lettres, faire-parts de décès, cartes de visites, affiches : no probleem. Mon compagnon, beau-frère du patron, étant souvent malade je me trouvais parfois seul maître à bord pendant des semaines. Je réalisais la composition et effectuais l'impression au moyen d'une petite presse au format 4o. Je travaillais 10 heures par jour samedi compris. Un gros client, une mutualité, nous avait apporté des travaux à grand tirage. J'ai passé des journées entières debout à la presse. Le soir, j'avais les jambes lourdes... comme parfois maintenant.

L'associé avait installé sa propre imprimerie. Il avait "chipé" la plupart des clients. Conséquence : le travail diminua progressivement. Le 1er décembre 1947 je débutai à Bruxelles. Et là, surprise. J'appris que mon ex-patron ne m'avait jamais inscrit à la sécurité sociale. Donc, pas de mutuelle, une semaine de congé  (j'avais droit à deux) payée de la main à la main. Pour l'employeur pas de cotisation, tout bénéfice. Merci patron !

Une anecdote pour conclure. Le père de mon patron était colombophile. Quand il voulait sacrifier quelques pigeons, il les confiait à sa voisine. Cela me faisait marrer, dame un ancien garde champêtre ! Tout fier je dis : "Moi, je fais cela moi-même". Ce qui fit de moi un "sacrificateur" occasionnel de pigeons. Et en vue d'un plantureux repas de kermesse, je me suis rendu chez un marchand de volaille passer commande de quelques poules et lapins. Couper la tête des poules, j'avais l'habitude chez moi. Je n'avais jamais sacrifié de lapins. Bon, il fallait y passer. Et là, je n'ai pas aimé. Depuis lors, au cours de ma vie je l'ai fait des dizaines de fois. Avec chaque fois un petit pincement au coeur.    
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Commentaires
C
Bonsoir Henri,<br /> <br /> J'aime beaucoup tourner les pages de ton livre de souvenirs et lire ces moments de ta vie que tu décris avec autant de talent et de simplicité.<br /> <br /> Merveilleux métier que celui de l'imprimerie mais si dur aussi... Tu as connu des choses passionnantes.<br /> <br /> Ma maman chassait et savait aussi tuer les animaux domestiques mais à une certaine période de sa vie elle y a renoncé.<br /> <br /> Je ne mange pas d'animaux. C'est une décision personnelle que j'ai prise il y a fort longtemps et je n'ai eu qu'à m'en féliciter. Avec mes problèmes de santé la viande est de toute façon fortement déconseillée.<br /> <br /> Merci de ta sollicitude. J'ai été bien secouée (même si j'ai hélas l'habitude) par un oedème à la tête que j'ai toujours d'ailleurs... En raison de malformations de naissance qualifiées d'orphelines, elles concernent les nerfs, les vaisseaux sanguins et les racines dentaires, on ne peut pas ponctionner mon oedème. Il doit se résorber avec l'aide de médicaments.<br /> <br /> Mais il est nourri par les inflammations chroniques, les névralgies dentaires, l'épilepsie et les lésions dont je souffre. Sans oublier les hémorragies très fréquentes qui m'épuisent mais je garde le moral, c'est dans ma nature. J'ai des souffrances quotidiennes que les opiacés font à peine décroître. Il n'y aucun remède ni espoir de guérison. Il faudrait modifier tout mon organisme!<br /> <br /> La douleur ça rend fou, ça tue ou ça renforce dit l'un de mes médecins. Elle ne m'a pas tuée même si ce n'est pas passé loin à certains moments... Elle m'a renforcée et rendue un peu folle...rires!<br /> <br /> Tu seras au courant comme le sont déjà mes amis internautes qui m'apportent un grand soutien.<br /> <br /> <br /> <br /> En tous cas, je lis avec bonheur chacune de tes pages de vie, précieux témoignages d'existence et d'amitié.<br /> <br /> Je te souhaite une belle nuit. Bises bien amicales.<br /> <br /> Cendrine
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M
Tu pourrais écrire un livre avec tous tes souvenirs !<br /> <br /> C'est toute une époque qui se déroule devant nous à nouveau. Merci !<br /> <br /> Et bon week-end ensoleillé.
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M
Merci de ton coucou et des compliments... j'ai failli rougir mais contente que tu ais aimé !<br /> <br /> Je comprends ta réticence à sacrifier ces gentils animaux !!!<br /> <br /> Bonne soirée <br /> <br /> Monelle
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N
Les années me passe de plus en plus le gout de la viande, je n'en mange presque plus, et jamais de gibier, depuis longtemps !<br /> <br /> L'on travaillait dur Henri au temps d'avant et ne faisait pas autant de manières que main tenant !<br /> <br /> Bonne soirée<br /> <br /> Je t'embrasse
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C
L'imprimerie, un art qui m'a toujours passionnée. A Thuillies, nous avons un imprimeur artisan et lorsque je vais chez lui, je savoure ce moment car déjà regarder les piles de papier vierge me ravit, c'est dire. <br /> <br /> En ce qui concerne ta non-inscription à la sécu, c'est un problème qui a touché pas mal de travailleurs. Aujourd'hui encore, tu sais que ça existe encore des employeurs qui passent au bleu pas mal de choses...ça me dégoûte profondément! <br /> <br /> Je t'annonce un scoop : non non je ne me marie pas lol! Non, simplement je viens d'avoir une sélection pour le concours de la francité dont le<br /> <br /> thème était "Si j'étais magicien"; je suis contente car il s'agissait d'un texte et non d'une poésie. Même Philippe ne le sait pas encore. Je saurai ma place exacte le vendredi 1er juin. Je l'annoncerai sur mon blog ainsi que le texte ...ah si j'étais magicienne, j'en ferais des trucs...tu verras!
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Dinosaure 80
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