22 mars 2012
SOUVENIRS DE GUERRE (5)
RADIO CLANDESTINE
"Ici Londres, les Français parlent aux Français".
"Honneur et patrie, voici le général de Gaulle".
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Fin 1940 ou début 1941, je ne saurais dire, depuis Londres étaient diffusées des émissions de radio clandestines. Le but principal: communiquer les nouvelles du front de guerre. Les Allemands tentaient de brouiller les ondes, mais cela restait audible. Mon père, pour l'occasion, avait acheté un poste de radio. Pendant plus de trois ans nous avons écouté régulièrement. Au moment du débarquement en Normandie, nous suivions les progrès de la bataille sur une carte de France. Il y avait aussi des messages codés à destination de la Résistance. Voici une petite blague racontée sur les ondes. Un juif avait été arrêté, accusé d'avoir mangé la cervelle d'un Allemand à 19 h. 30. Le speaker concluait : il y a trois inexactitudes: 1) un juif ne mange pas de cochon. 2) un Allemand n'a pas de cervelle. 3) à 19 h. 30 on écoute la radio anglaise.
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UN CHAMP D'AVIATION A CHIEVRES.
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Dès le début de l'occupation fut érigé par les Allemands un champ d'aviation à Chièvres. Il en existe encore des vestiges aujourd'hui. Une DCA fut installée. Des avions alliés sillonnaient le ciel pour des bombardements stratégiques en Belgique défiant le danger des canons. Nous regardions, fascinés, les obus qui éclataient autour des appareils. Rentrant de l'école, j'ai vu un bombardier frappé de plein fouet. Dans un vrombissement étourdissant, l'appareil a commencé à tourner comme une toupie folle. Finalement, il explosa en plein ciel.
Quand les bombardements intensifs commencèrent sur l'Allemagne, c'est par centaines que les appareils empruntèrent ce couloir aérien. Le grondement était tel que nous les entendions arriver dix minutes avant de les voir apparaître. D'énormes super-forteresses, des chasseurs en protection et quelques appareils de types divers. Vu les longues distances, un réservoir supplémentaire était adapté aux appareils. Vide, il était détaché et tombait, en principe, dans les champs. Afin de brouiller les ondes de radio allemandes, les avions larguaient des rubans de papier auxquels adhérait une bande d'aluminium. Les gamins se précipitaient pour ramasser ces rubans.
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PAS MORTE LA BETE !
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La France et la Belgique libérées, la guerre n'était pas terminée pour autant. Des V1, avions sans pilote bourrés d'explosifs entrèrent en action. La ville de Londres paya un lourd tribut La ville d'Anvers subit aussi ces bombardements nouvelle version. Pendant une courte période, le soir, nous entendions le passage d'un de ces engins au bruit caractéristique genre moteur de mobylette. Une dizaine de minutes plus tard, nous ressentions l'onde de choc. Durant l'hiver 1944-45 un de ces appareils tomba dans une prairie de mon village à proximité de maisons. Heureusement, sans exploser. Les travailleurs obligatoires sabotaient des appareils, merci à eux. Un V2, missile à longue portée, est tombé dans un champ à 100 mètres des maisons. Sans autre dégât que des toits à moitié soufflés.
A PROPOS DE GUTT.
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Dès 1940, les membres du gouvernement se sont réfugiés en Grande-Bretagne avec leur famille. De retour au pays à la libération, ils reprirent leurs fonctions. La planche à billets avait fonctionné pendant la guerre à un point tel qu'il y avait risque d'inflation. Le ministre des Finances, Camille Gutt, conçut un plan. Les différentes coupures perdirent leur validité. Contre de nouveaux billets les coupures furent échangées. Oui, mais, seulement 2.000 francs par membre du ménage étaient restitués. 40 % sur un compte bloqué, les 60 % restants constituant un prêt (?) d'assainissement. Curieusement, les billets de 20 francs conservèrent leur validité. Délit d'initié, certains profitèrent de l'aubaine. Les faits sont avérés.
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