16 février 2012
SOUVENIRS DE LA GUERRE (1)
Il faisait beau en ce mois de mai 1940. Et la folie des hommes devait entraîner des dizaines de milliers de personnes sur les routes du désespoir. J'habitais non loin de la grand-route et, avec la curiosité de mes 9 ans, j'allais regarder cet immense troupeau de personnes qui se dirigeaient vers la France. Ma curiosité fut de courte durée. Heureusement. Il se disait que des avions allemands mitraillaient parfois dans la foule. Ce n'était pas systématique, mais la chose s'est produite chez nous. Un cousin de mon père qui travaillait dans son champ y perdit la vie. Trois ou quatre hommes, parmi les réfugiés qui s'étaient cachés dans un bois furent également tués. Ils étaient de Braine l'Alleud et de Rixensart ce qui n'est pas la porte d'à côté. Dans un moment de calme, un voisin fermier avec quelques aides dont mon père, les conduisirent au cimetière ou ils les enterrèrent. Ils furent "récupérés" après plusieurs mois.
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Dès les premiers jours, cinq ou six jeunes de seize ans environ, étaient partis en vélo rejoindre un lieu de rassemblement qui avait été prévu plusieurs semaines avant la déclaration de guerre. La commune perdit aussi deux de ses soldats. Quelques familles, 10, 15, je ne sais, prirent aussi la route. Il n'y avait, me semble-t-il, aucun fermier et ces familles n'avaient pas d'enfants en bas âge. Après plus d'une semaine d'hésitation, mes voisins envisagèrent de partir. Nous pouvions les accompagner. En route pour l'aventure, destination première : les parents de la voisine à 10 kilomètres preuve de l'incertitude qui les tenait. Toute cette smala dans un char agricole tiré par deux chevaux. Et le soir, nous étions de retour. Nous avons rencontré les premiers Allemands sur une route de campagne. Quelques motos avec side car. A l'exception de 7 soldats faits prisonniers, tout le monde est rentré sain et sauf progressivement. Mises à part les vicissitudes, la vie a repris son cours paisible. Du moins, c'est comme ça que je l'ai ressenti. Il est vrai que les emmerdes c'est pour les adultes. Des schleus on n'en voyait pas beaucoup. Du moment qu'on les laissait tranquilles, ils nous foutaient, si l'on peut dire,... la paix. Pendant quatre années, il en fut ainsi chez nous. Les sabotages se passaient ailleurs.
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